mardi 25 juillet 2023

Gaston Nitzer : INTRODUCTION

 

 GASTON NITZER,

1888-1961


(page établie par Nadia Pla, son arrière-petite-fille, en 2001)
 
 
Qui est Gaston Nitzer?

Gaston Nitzer est né en 1888 à Saint-Hippolyte dans le Doubs, petite ville qui, malgré sa taille, fut toujours prospère au cours des siècles de par sa position exceptionnelle au pied des montagnes du Jura, au confluent du Doubs et du Dessoubre.

Les vastes forêts qui l'entourent (cf.photo) et ses deux rivières ont permis le développement de scieries et de tanneries (comme celle du père de notre héros) ; quant aux pâturages des hauts plateaux (cf.photo), ils favorisent un élevage bovin auquel on doit la production du délicieux fromage "Comté".

Le Saint Suaire, aujourd'hui à Turin, y fut conservé entre 1418 et 1452 ; au XVIIe siècle, Jacques et Guillaume Courtois, devenus des peintres célèbres en Italie sous le nom de "Borgogneni", c'est-à-dire "Bourguignons" (cf. la "Via dei Borgogneni" à Rome), étaient originaires de Saint-Hippolyte .

Enfin, la cité est réputée dès le XIVe siècle pour son école (fondée par les chanoines), d'où sortiront plusieurs personnalités, et à laquelle vient s'ajouter au XVIIe siècle une école de jeunes filles fondéee par les Ursulines.


Vue panoramique de Saint-Hippolyte

Le père de Gaston, Emile Nitzer, était tanneur et a reçu, en sa qualité de maître artisan, une médaille à l'Exposition Universelle de Paris en 1900. Sa mère, Maria Bailly, avait des doigts d'or, à qui l'on confiait tous les petits travaux requérant de la minutie, de l'arrachage de dents ou de "faux cils" au métier du "lapidaire" (taille et perçage des pierres précieuses destinées à la fabrication de petits éléments des mécanismes d'horlogerie).

La tannerie de Charles Briot, où travaillait Emile Nitzer à Saint-Hippolyte

Gaston Nitzer passe à 12 ans son Certificat d'Etudes. A 16 ans, en 1904, l'acquisition du Brevet Elémentaire lui permet de passer le concours de l'Ecole Normale de Besançon, qu'il réussit brillamment, 5e sur 19 reçus. Il y passe trois ans, au terme desquels il obtient en 1907 son Brevet Supérieur et un Diplôme de maître de gymnastique.

Suit une période de deux ans où il enseigne en tant que stagiaire, effectuant des suppléances de quelques jours à quelques mois, au gré des besoins dans l'académie : en novembre 1907, il est à Valentigney, en décembre à Chamesol, en janvier 1908 à Audincourt et en février-mars à Rosureux. Il passe plusieurs mois, de mars à septembre, à La Chapelle-des-Bois, et la totalité de l'année scolaire 1908-1909 à Valoreille. Après une convocation au service militaire à la suite de laquelle il est temporairement réformé pour raisons de santé, il passe l'année scolaire 1909-1910 à Morteau. C'est au cours de cette année qu'il est titularisé, après l'obtention de son Certificat d'Aptitudes Pédagogiques, qu'il avait passé lorsqu'il était à Valoreille.

De 1910 à 1912, il effectue son service militaire: il en profite pour participer en 1911 à Joinville-le-Pont à un stage de gymnastique, qui lui permet d'obtenir un Diplôme d'aptitude à l'enseignement des exercices d'éducation physique.

En 1912, il est nommé comme titulaire à Pont-de-Roide.

La guerre viendra l'y rejoindre en 1914. Il passe d'abord un an en Alsace, à l'Hartmannswillerkopf ; puis, en 1915, son contingent est emmené vers une destination secrète. C'est à Salonique que le voyage se terminera, et Gaston Nitzer vivra pendant deux ans la guerre dans les Balkans. En 1917, il est évacué après avoir contracté le paludisme, et il finit la guerre en France ; mais il conservera toute sa vie des séquelles de cette grave maladie ainsi que des gaz de combat dont il a subi les effets.

En 1919, il épouse Marguerite Lonchamp, originaire de L'Isle-sur-le-Doubs. Ils auront trois enfants, une fille et deux garçons, dont mon grand-père.

La même année, il retrouve son poste de Pont-de-Roide, où il reste jusqu'en 1923. Il accède ensuite à la charge de directeur, qu'il exerce d'abord à Charquemont de 1923 à 1927. Depuis son séjour à Valoreille, il assurait en plus de l'enseignement primaire un cours d'adultes. A partir de 1927, il finit par y renoncer, car s'ajoute à sa charge de directeur celle de responsable du cours complémentaire : ce cours permettait aux plus brillants éléments des classes défavorisées de poursuivre une scolarité au-delà du Certificat d'Etudes. Cette scolarité durait quelques années (classe d'âge correspondant à peu près au collège actuel) au terme desquelles les élèves passaient le Brevet Elémentaire, qui leur permettait de se présenter à des concours administratifs ou de la fonction publique. C'est le cursus que Gaston Nitzer avait lui-même suivi.

Avec ces deux charges de directeur d'école et de directeur du cours complémentaire, il exerce d'abord à Saint-Hippolyte, pays de son enfance, de1927 à 1932. Puis, passant de la petite ville au gros bourg, il retourne à Pont-de-Roide, lieu de son premier poste, de 1932 à 1936. Enfin, il achève sa carrière à Besançon, centre de l'académie et chef-lieu du département, de 1936 à 1946. 

L'ancien couvent des Ursulines à Saint-Hippolyte ; il avait été transformé en école ; lors de sa charge de directeur, Gaston Nitzer y enseigna et y habita avec sa famille.

Au terme de sa carrière, une deuxième guerre vient le surprendre. Lors de la débâcle de l'été 1940, il reçoit l'ordre de se rendre vers le sud. Il part avec son épouse et les enfants, adolescents, ainsi qu'un chien adopté sur le chemin et deux professeurs de l'Université de Besançon. Ils s'arrêtent à Montauban, mais dès la fin de l'été, les autorités du Rectorat, qui ont repris les choses en main, lui assignent un poste à Vichy. Gaston Nitzer y exerce donc durant l'année scolaire 1940-41. Dans l'urgence, il vit quelque temps avec sa famille sur la paille des boxes à chevaux du champ de courses, puis, l'automne venu, dans les couloirs de l'école, sans aucune aisance domestique ni sanitaire. Finalement, en 1941, toujours sur ordre du Rectorat, mais au risque de leurs vies, ils rentrent dans la Zone Occupée, et Gaston Nitzer reprend son poste de Besançon.

En 1935, l’Éducation Nationale lui décerne une médaille de bronze. En 1942, il reçoit la médaille d'argent.

"Education Nationale"
"Corbin" (nom du sculpteur)

"Tous les enfants de France sont mes enfants"
"G. Nitzer 1942"

 

La rédaction de son cahier est une suite objective d'informations administratives. Pourtant, il me semble que ce ne doit pas être sans émotion qu'il y a écrit ces mots:

" 13 juillet 1946: dernier jour de classe."
 

Il meurt en 1961.

 

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Gaston Nitzer, un instituteur de la IIIe République : https://gastonnitzer.blogspot.com/2023/07/gaston-nitzer-un-instituteur-de-la-iiie.html

Contexte historique pour comprendre le journal de guerre de Gaston Nitzer : https://gastonnitzer.blogspot.com/2023/07/contexte-historique-pour-comprendre-le.html

Le journal de guerre de Gaston Nitzer : https://gastonnitzer.blogspot.com/2023/07/le-journal-de-guerre-de-gaston-nitzer.html

Annexes du journal de Gaston Nitzer : https://gastonnitzer.blogspot.com/2023/07/annexes-du-journal-de-gaston-nitzer.html

 

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