JOURNAL DE GUERRE DE
GASTON NITZER
1914-1918
D'où viennent les documents reproduits
ici?
Mon
grand-père a conservé de son
père Gaston Nitzer deux documents originaux :
- Un carnet (composé d'un
agenda relié et de feuillets volants, mais soigneusement
pliés à l'intérieur) sur lequel Gaston Nitzer a
tenu son journal pendant toute sa mobilisation, de 1914 à
1918. Il s'agit d'un brouillon non retouché, pas toujours
facile à déchiffrer, d'où parfois certaines
hésitations de transcriptions, notamment sur des noms
propres.
- Un album de photos prises de 1914
à 1916, que Gaston Nitzer a lui-même constitué
après la guerre, accompagnant chaque photo d'une
légende élégamment tracée à la
plume. Ces photos ont-elles été prises par Gaston
Nitzer lui-même? Certaines, sans doute (il me semblait avoir
entendu raconter qu'il était parti avec un appareil photo,
mais je n'en suis plus si sûre), mais pas toutes. En effet, ce
fut une surprise mutuelle pour le descendant d'Alexandre
Plaforêt et pour moi-même de découvrir des photos
identiques dans les archives de nos grand-père et
arrière-grand-père respectifs! Après
réflexion, nous avons pensé que certaines au moins de
ces photos, si ce n'est toutes, avaient sans doute été
exécutées par des photographes accrédités
qui suivaient l'armée et développaient leurs photos sur
place pour les vendre aux soldats.
Pour l'agrément du lecteur,
j'ai choisi d'insérer les photos au texte.
En bleu dans le texte
: les notes
En vert dans le texte
: les variantes et les notes concernant l'établissement du
texte
1914
Août et septembre
Du 1er août au 25 septembre loger successivement
Bosmont, Bavillers Bechard, Bosmont, Cougenel.
26 sept Départ. A Petitefontaine, aéroplane
allemand jette bombe, fusillade française. Aucun
résultat. Allerviller, petit poste. Très froid.
27 Vu G. Parachie.
28 au soir Retour à Lauw. Garde de police,
reconnaissance.
30 Vu 2 prisonniers allemands dont 1 sous-officier pris par
les douaniers de Masevaux.
Octobre
Du 1er au 2 octobre petit poste cote 408 entre Morzviller
et Sentheim, couché dans abris en branchages à la
lisière d'un bois.
3, 4 garde police Lauw. Barricade le pont.
grand garde Morzviller.
Nuit du 5 au 6 petit poste dans le bois, il pleut. Le
matin, construction d'une cabane de bûcheron.
Le 7 la compagnie monte à Morzviller.
Nuit du 7 au 8 couché avec Andréoletti dans
un lit de l'instruiseur.
Le 8 après-midi occupons tranchées entre
Morzviller, Soppe-le-haut, Sentheim : à notre droite 2
batteries artillerie envoient à 4000m quelques obus sur les
tranchées allemandes. Pas de réponse.
Du 8 au 13 rien ne change.
Le 13 départ à 14h pour Belfort, caserne du
Bosmont.
Le 20 100 camarades sont allés renforcer sur le
front les compagnies du 172 et du 171 ; 60 pertes le matin au 171 ;
40 le soir au 172. Les deux Bellelle [?] sont partis. Départ
très triste presque lugubre à la tombée de la
nuit. Daessle et Beaugeon ont pleuré. J'ai le cafard.
Novembre
Le 1er Marguerite et Henri viennent me voir. (La soeur et le frère de
Gaston)
Le 7 c'est le tour de maman. Elle a bien pleuré en
partant. Je suis bien triste. Je devais partir le 8. Il y a eu
contre-ordre.
Décembre
Le 6 à 11h1/2 ai reçu ordre de partir au
372e. Embarqué au tram électrique à 4h.
Arrivé à Suarce 5h, à Lepuix 6h. Marche de nuit
jusqu'à Friesen 8h , à 2h du matin une maison grille.
Départ le 7 à 8h pour Hindlingen. Suis
versé à la 19e compagnie avec Cuenin, Romain, Voynet,
Chalilain.
Vu le 8 dans la tranchée les allemands enterrant un
des nôtres à 12 heures.
Vu le 9 Mme Cuenin.
Du 10 au 11 garde police.
Du 12 au 13 tranchée. Rentrons à Hindlingen
puis retournons à Friesen.
Du 15 au 16 tranchée. Beaucoup de boue.
Du 19 au 20 tranchée.
Du 23 au 24 grand garde
Le 24 au soir réveillon.
Le 25 canonnade à 13h. Fusillade jusqu'à 4h.
C'est le 6e bataillon qui est engagé.
Du 27 au 28 tranchée. Canonnade sur notre gauche.
1915
Janvier
Du 31 déc au 1er janvier 1915 tranchée,
à 23h20 à notre droite coups de fusils comme vÏux de
bonne année. A 0h2 on se serre la main dans la cabane. Au
retour passons à Largitzen déposer deux couronnes sur
les tombes de deux camarades. Défilé et
présentation des armes devant les tombes. Le soir gueuleton.
Le 3 travail à la grand garde
Du 4 au 5 tranchée.
Du 8 au 9 tranchée. En rentrant le 9 allons occuper
pour 3 jours un baraquement en bois baptisé "Villa Joffre",
construite en charpente et planches, couverte en carton
goudronné. Deux bas flancs superposés de chaque
côté, double planche à pain. Sortie à
chaque extrémité. Deux fourneaux. Crochets de
suspension pour les équipements. Petites fenêtres
à l'étage.
Le 10 capturons deux chevreuils et environ 100 kgs de
carpe.
Le 11 assiste à Friesen à l'enterrement d'un
camarade tué le 4/12 et retrouvé le 10/1/15. une
escouade en armes baïonnette au canon rend les honneurs à
la porte de l'église.
Du 12 au 13 tranchée. La nuit vers 20h les Allemands
lancent des fusées sur notre tranchée.
Le 13 changeons de cantonnement.
Du 16 au 17 occupons tranchées du 6e bataillon. La
nuit, fausse alerte. Les sapeurs du génie lancent des
fusées.
Du 20 au 21 tranchées.
Du 23 au 24 tranchées.
Du 27 au 28 tranchées. Branle-bas. Vers 12h Verjus
va avec les 5e et 7e escouades commencer l'attaque. Vers 15h toutes
les compagnies suivent, violentes canonnade et fusillade. Les obus
français éclatent à environ 100m devant nous.
Les sapeurs du génie ont fait plusieurs brèches dans
les réseaux de fil de fer ennemis. Vers 17h ordre de se
replier. La Compagnie a perdu 3 tués et 8 blessés.
Le 29 la Compagnie assiste à l'enterrement des 8
camarades tués au cours du combat. Inhumation à
Largitzen (C'était une diversion).
Février
Du 31 janv au 1er fév tranchées.
Du 4 au 5 tranchées.
Du 8 au 9 tranchée. Le 9 à 0h15 les ennemis
arrivent jusqu'aux réseaux et tirent sur les sentinelles qui
se retirent en repartant. Fusillade intense pendant presque une
heure. De 3h30 à 4h30 nouvelle édition. La 17e vient
renforcer. Chez nous aucune perte.
Du 12 au 13 tranchée.
Du 16 au 17 tranchée.
Du 20 au 21 tranchée.
Les 21, 22, 23 en réserve dans les baraquements.
Du 24 au 25 tranchée.
Du 28 au 1er mars tranchée.
Mars
Du 22 au 23 tranchée. Le 22 à 18h nous
entendons sonner les cloches de France et celles des villages
alsaciens que nous occupons. C'est pour nous un réel plaisir
car ce son nous est inconnu depuis longtemps. Les clairons et
tambours sonnent des marches à Friesen. Coïncidence, la
cheminée de notre abri s'enflamme. C'est un feu de joie en
l'honneur de la prise de Przemyls. La 4e section tire des feux de
salve. Chante la Marseillaise, Le chant du départ, les
Allobroges. Les boches en face répondent.
Le 23 en rentrant les boches bombardent Friesen, ils
l'encadrent, 3 écoliers venant d'Hindlingen sont
blessés.
Avril
Nuit du 6 au 7 dernière nuit aux tranchées.
Sommes relevés par le 98e territorial. Départ du bois
à 5h. Passons à Friesen, Lepuix, Courtelevant,
Florimont, Faverois, Joncherey et arrivons à Grandvillars
à 12h. Journée épouvantable, pluie continuelle
perce jusqu'aux os.
Le 9 vu maman et Marguerite.
Le 17 passe à la 17e.
Le 18 vu papa et maman.
Le 22 passons à Frais une revue du
Général Joffre.
Le 25 allons à Brébotte. Vu Marguerite, venue
de Grandvillars à Brébotte.
Mai
Le samedi 1er mai partons à Reppe en passant par
Eschène, Rechotte, Novillard, Petit Croix, Cunelières,
Fontaine.
Le 12 mai partons à Foussemagne
Juin
Le 5 juin partons à Lauw.
Le 6 passons par Sentheim, Burbach-le-Haut, Rammorsmatt,
Thann (ville bombardée, nombreuses maisons démolies).
Etape rude par des chemins de montagne à forte pente au milieu
des chaumes couverts de genêts ou dans les forêts de
sapins. Grande halte dans une usine à Thann. Nous couchons
dans l'usine sur l'asphalte.
Réveil le 7 à minuit, départ à
1h. Passons par Bitschwiller, Willer, Goldbach, Neuhausen à
900m d'altitude. Rude montée. Goldbach est
évacué et bombardé. Neuhausen
évacué par les habitants. Arrivée à 6h.
Occupons en amont du village des baraquements en bois construits au
flanc de la montagne. Jolie vue sur une petite vallée
où coule un ruisseau, notre unique lavoir. Devant nous le
ballon de Guebwiller (1428m) au sommet dénudé. Les
hommes y apparaissent gros comme des fourmis. Les mulets du 2e
artillerie de montagne vont ravitailler les troupes au sommet par des
chemins escarpés, véritables sentiers de chèvre.
En somme, bon début, bonne impression, bon air.
La nuit du 13 au 14 allons creuser un boyau en avant du
ballon de Guebwiller, parti à 18h1/2, arrivé à
22h.
Rentré le 14 à 4h. Départ le soir
à 16h. Allons occuper des tranchées sur le flanc est du
ballon de Guebwiller. Tranchées de 2e ligne assez bien
creusées, abris sous terre. La nuit il fait très frais,
le jour beaucoup d'air. A côté de nous sont des
pièces de montagne. Nous sommes à environ 1250m
d'altitude. Devant nous s'étend la plaine d'Alsace. La nuit on
aperçoit les lumières de Mulhouse et de beaucoup de
petits villages. A notre droite et à environ 4km à vol
d'oiseau, on aperçoit le célèbre «
Hartmannswillerkopf ». Le sommet est complètement
labouré par les obus. Les arbres sont fauchés,
déchiquetés, ébranchés. Notre abri est
creusé dans la terre, long 5m, larg. 1m6, haut. 1m. On est
obligé d'y entrer en marchant sur les genoux. Des planches sur
le sol, dessus une bonne couche de paille, voilà notre lit.
Jeudi 17 juin à 18h3 au-dessus de Willer vu un duel
entre aéros français et allemand. Echange de coups de
mitrailleuses. L'ennemi blessé descend en tournant au-dessus
de Willer et s'abat dans un bois. Les deux aviateurs ennemis sont
blessés mortellement. L'aviateur français est indemne.
Pendant notre séjour au Ballon nous avons reçu
plusieurs fois des marmites.
Juillet
Le 10 juillet partons au Sudel 1, notre section est en
réserve dans un bois de sapins. Abri très fortement
construit avec plusieurs épaisseurs de sapins gros comme un
homme pour résister au bombardement. Corvées
pénibles pour aller chercher la soupe aux cuisines et la
porter aux tranchées (une demi-heure aller et autant retour).
3 sections aux tranchées qui sont très bien
aménagées. De nombreux sapins sont coupés,
hachés par les obus. Nombreux trous de marmites. Devant nous
le sommet du Sudel 1 est labouré, forêt
déchiquetée.
Le 13 vers 14h30 quelques obus nous arrivent. L'un d'eux
éclate à 4m au-dessus de ma tête et de Dupuy
alors que nous étions sur la porte d'un abri. Il coupe deux
sapins : l'un d'eux, sectionné à environ 5m de hauteur,
retombe et s'empique dans le sol.
Le 17 au matin allons aux tranchées : la vie n'y est
pas rose car il pleut.
Le 20 sommes relevés par la 371e. Allons dans les
maisons à l'auberge de Goldenmatt.
Le 30 quittons Goldenmatt. Passons par Goldbach, Willer,
Moosch, St Amarin, Rampspach, Urbès. Nous couchons. Pluie au
départ. Soleil ensuite. Etape pénible. Le soir ......
générale. (Le mot a
été gribouillé par Gaston. Il s'agit apparemment
du mot « cuite ».)
Le 31 à 10h départ de Urbès. Par une
route à pente assez forte pente [sic] , nous arrivons à
Bussang après avoir traversé le tunnel. A 15h
embarquons en chemin de fer. Wagons à bestiaux non
aménagés. Départ à 16h. Passons à
St Maurice, Fresse, Le Thillot, Ramochampt, Ferdrupt, Rupt,
Maxonchamp, Vecoux, Remiremont, St Nabord, Eloyes, Pouxeux, Arches,
Jarmenil, Docelles, Chenimesnil, Deyeimont, Lépanges, Laval,
Bruyères, Laveline, Aumontzey, Barbey-Leroux, Gérardmer
. Couchons dans une école. Assez bonne nuit.
Août
Gérardmer.
Jolie petite ville en voie d'agrandissement avec de grandes et
nouvelles rues droites mais encore peu bordées de maisons.
Jolis magasins. Coquet petit parc avec kiosque à musique au
bord du charmant lac enfoui dans les montagnes abruptes couvertes de
forêts de beaux sapins. De nombreux et jolis canots sillonnent
le lac. Vu successivement Xourupt, Longemer avec son lac plus petit
mais semblable à celui de Gérardmer.
Le 5 à 4h départ. Embarquons à 5h dans
des camions automobiles (20 par camion) qui nous conduisent un peu en
arrière du col de la Schlutt au lieu dit le « Collet
». A 9h départ. Passons au col de la Schlutt, douanes,
maisons de chaque côté de la frontière
bombardées. Le versant alsacien des Vosges est abrupt.
Très vastes forêts de sapins au milieu desquels la route
décrit de nombreux zig zags. Défilé incessant
des camions de ravitaillement et des ambulances automobiles. Quittons
la grand route et par des sentiers en lacets grimpons au flanc d'une
montagne. Toute la nuit nous pataugeons dans une boue grasse,
collante, pour, au point du jour, arriver fourbus,
exténués, en arrière de Lingekopf à 1h le
6.
Couchons en grand nombre sous les arbres faute d'abris. A 21h,
réveil brusque à peine endormis ; à 22h
départ. Allons occuper un autre camp plus en avant :
baraquements en planches dissimulés dans une forêt de
pins. Nous y sommes arrivés le 7 à 1h.
Le 7 à 22h départ, allons en réserve
au « Linge » (autre nom du
Lingekopf) . Boyaux souvent pleins de boue où nous
enfonçons jusqu'aux genoux. De nombreuses marmites
éclatent de tous côtés. Les balles sifflent.
Arrivons vers 1h le 8. Couchons dans de petits abris. La forêt
est complètement déchiquetée, de nombreux arbres
sont abattus. C'est un fouillis inextricable de lianes, de branches
de sapins souvent entremêlées de débris de fils
de fer barbelés. Toute la journée du 7, nuit du 7 au 8,
bombardements ininterrompus.
Le 8 à 10h revenons en arrière (camp
Barbarin). Nous nous faisons canarder en passant dans les boyaux.
J'en ai passé près.
Du 9 au soir au 11 matin travail dans les bois à
transporter de grands arbres.
Le 13 à 20h quittons le camp Barbarin. Passons par
les Hautes Huttes (Chapelle Ste Barbe), le lac Noir, le lac Blanc.
Arrivons au camp de Tinfronce. Marche de nuit pénible, chemins
boueux, caillouteux. Arrivée à 23h. Couchons deux
sections ensemble dans de grands abris construits en planches
couverts de carton bitumé. Deux bas flancs superposés
et doubles, planches à paquetage. Râtelier d'armes.
Fenêtres à glissières. Abris confortables. Bonne
paille. Passé bonne nuit. Temps brumeux. On ne voit rien dans
la forêt où nous sommes.
21 départ 12h. Passons par le col de Luschbach.
Arrivée au col du Bonhomme 14h. A 18h allons aux abris
situés immédiatement en arrière des
tranchées. A 22h notre section va former plusieurs petits
postes dispersés à 2 km en avant des tranchées;
abris mal construits, on y entre en rampant, on ne peut s'y tenir
assis. Il y pleut comme dehors. Nuit épouvantable. Notre poste
s'appelle « la Grenouille » du nom d'une ferme. Dans le
voisinage de nombreuses fermes ont été
incendiées par les obus. Devant nous le village du Bonhomme
également bombardé.
Tous les 4 jours allons à la Grenouille. Les autres jours
sommes plus en arrière à la lisière d'un bois
aux tranchées qui constituent la ligne de résistance.
De temps en temps l'artillerie ennemie incendie une ferme. Nous
creusons des tranchées et construisons des blockhaus.
Le 25 août 1915 (Tout
le passage concernant le 25 août 1915 a été
écrit sur un feuillet à part et non
numéroté, pour des raisons que l'on comprendra
aisément en lisant.) Le Commandant me fait appeler
à cause de ma proposition comme caporal. Il me sert une
ratatouille sur les antimilitaristes particulièrement les
instituteurs, qui sont incrédules, antipatriotes. Tape sur
l'instituteur de Foussemagne, « qui est franc-maçon, qui
n'a pas fait baptiser ses enfants, qui s'occupe de politique ».
Il vante les curés persécutés qui «
traversent les mers pour venir défendre leur patrie ». A
propos de l'incident Baltlogg, dit «Voilà
l'éducation que donnent les écoles normales ». Il
vante les écoles allemandes, les déclare meilleures que
les françaises. C'est un haro général contre les
instituteurs de l'école laïque.
Septembre
Le 3 à 11h incendie d'une ferme à 200m devant
nous
Le 5 \\
Le 13 à 23h sommes relevés aux avant postes
de la Grenouille par le 62e alpin. Marche de nuit.
Arrivée le 14 à 3h1/2 à Plainfaing
(Vosges) au faubourg de Noiregoutte.
Le 15 départ à 4h. Passons à Prouze,
Anould, Le Plafond, Corcieux, Vienville, Yvoux, Lachapelle, Laveline.
Embarquons en chemin de fer. Wagons à bestiaux non
aménagés. Départ 16h40. Passons Bruyères,
Laval, etc. Arches, Dinouze, Epinal. Depuis Epinal voyage de nuit.
Principales gares Aillevillers, Luxeuil, Lure, Champagney, Ronchamp,
Belfort à 23h40. Débarquons. Marche de nuit.
Départ le 16 à 0h30. Passons Perouse,
Bessoncourt, Frais, Fontaine. Arrivée 5h
Le 22 départ 5h. Passons à Foussemagne,
Chavannes sur l'étang, Valdieu, Retzviller, Manspach. Vu le
viaduc de Dannemarie démoli en mai par les obus ennemis.
Plusieurs arches du milieu sont effondrées. La grande arche
sur le Largue est endommagée. Aux abords énormes trous
d'obus. Les nôtres ont tenté de construire une petite
ligne pour éviter le viaduc. Elle a été aussi
bombardée. Creusons des tranchées pour organiser
défensivement le secteur Manspach St Léger.
Le 27 alertés.
Le 30 à 22h départ. Marche de nuit.
Octobre
Le 1er à 5h30 arrivée à Belfort.
Embarquons au PLM . Wagons à bestiaux aménagés.
Départ 6h. Passons Montbéliard, Besançon 1h30,
Dôle, Chaussin, St Bonnet en Bresse (Saône et Loire),
Louhans, St Amour, Bourg, Ambérieux, Montleuil [?] (Ain).
Arrivée 10h30. Couchons dans un ancien pensionnat. Jolie
petite ville un peu vieillotte. Anciennes maisons aux fenêtres
sculptées. Petits carreaux. Air monacal.
7 Départ 5h. Passons Dagneux, Bressoltes, La
Valbonne, Meximieux. Embarquons. Wagons à voyageurs de l'Etat
Belge. Départ 10h. Triste. Beaucoup de femmes pleurent.
Passons Lyon (Brottaux) 11h, Vienne (Isère) 12h30. Vieux
château féodal. Rhône au lit encombré de
bancs de sable. Coteaux à vignobles rive droite. Très
beaux vergers où dominent les pêchers. Les mûriers
apparaissent. A notre droite les Cévennes. Contreforts
dénudés. Traversons l'Isère. Valence 15h.
Apercevons à notre gauche les Alpes aux sommets blancs de
neige. Montélimar 16h30. Traversons nombreux affluents de
gauche du Rhône. Lits de galets, presque pas d'eau. Epis le
long du fleuve pour arrêter le sable. Orange 18h15, Avignon
20h, Tarascon, Marseille le 8 à 3h.
Oliviers, orangers, figuiers, palmiers apparaissent. Jolies
montagnes de l'Estérel rosées au soleil levant, leurs
pieds se baignent dans la mer. Toulon 5h30. Débarquons du
chemin de fer. Allons au port en contournant la ville. Embarquons sur
l'« Indiana », 160m x 26m, paquebot italien. Curieuse
façon d'embarquer les chevaux. Dans la rade, à quai,
sont les paquebots « France », « Indiana »,
« Lutetia », « Lorraine », « Savoie »
et plusieurs navires de guerre. Très beaux rochers des
montagnes entourant la rade. Dans les entreponts du navire avons
jolies petites couchettes composées d'une paillasse et d'un
matelas mais sommes très serrés. A 15h30 un remorqueur
décolle le navire du quai. A 16h départ. La musique
joue « La Marseillaise ».
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Le 9 5h. Passons entre la Corse et l'île d'Elbe.
Curieux lever de soleil sur la mer. L'astre du jour est semblable
à une masse de fer en fusion qui se détache sur le bleu
noir de l'eau. Vu Montecristo. Loin sur notre droite les côtes
de Sardaigne puis plus rien.
Le 10 5h longeons l'archipel maritime situé à
l'ouest de la Sicile. Apercevons les côtes de cette
dernière. A partir de cet endroit sommes
précédés, la « Lorraine » et l' «
Indiana », par un torpilleur. Les îles de l'Archipel
Maritime ne sont que des rochers sauvages dont les seuls habitants
sont les gardiens des phares. Rencontrons jolies petites barques de
pêche siciliennes peintes en couleurs vives ; les voiles
triangulaires apparaissent blanches sous les rayons du soleil. Des
bandes de marsouins viennent s'ébattre autour du navire. Ils
bondissent hors de l'eau.
Le 11 à part deux navires aperçus à
grande distance, rien que la mer. Il fait très chaud. Nous
sommes paraît-il peu éloignés des côtes de
Tripolitaine.
Le 12 à 5h apercevons à courte distance les
côtes de Grèce (presqu'île de Morée, cap
Matapan, cap Mallet). Elles sont découpées, rocheuses.
Marchons au nord. A partir de cet endroit sommes escortés par
5 contre-torpilleurs.
6h croisons vapeur anglais le « Borulos ». Les montagnes
tout près de la côte sont très escarpées
et presque complètement dénudées. Jolis petits
villages enfouis dans les rochers à proximité du
rivage.
Traversons l'archipel des Cyclades. Rochers presque nus,
guère de végétation, quelques arbres. Petites
maisons toutes blanches parsemées au flanc des rochers.
Le 13 toujours des îles. La mer a des teintes bien
changeantes. Après l'avoir vue successivement pendant la
traversée vert foncé, bleu indigo, bleu azur, elle est
ce matin d'un vert pâle. Apercevons nombreuses barques de
pêche grecques. Les villes et villages deviennent plus
nombreux. Approchons du terme du voyage. Les matelots
préparent la manÏuvre pour le débarquement.
En entrant dans la rade traversons une rangée de tonnelets
placés à 6 ou 7m les uns des autres et marquant
paraît-il l'emplacement de mines et de chaînes pour
barrer l'entrée de la rade. Arrivons. Vue magnifique sur la
ville (Gaston, d'habitude si
généreux en indications toponymiques, a tout simplement
oublié d'annoncer le nom de cette ville qu'il décrit si
longuement ! On apprendra plus loin qu'il s'agit de Salonique.)
qui est assise en amphithéâtre au bord de la mer.
Très jolies maisons le long des quais où circulent des
tramways électriques. Une ville citadelle aux remparts
crénelés domine la ville. Des minarets émergent
de la masse des maisons. Les dômes des mosquées brillent
au soleil. Dans la rade sont au moins cinquante navires, paquebots,
cargos, cuirassés, torpilleurs. Des marchands circulent dans
de petites barques autour des navires. Ils vendent des citrons, des
figues, du vin, du tabac, d'ailleurs fort cher, ce sont des Grecs.
Des remorqueurs nous prennent (car les navires ne sont pas
à quai, ils calent trop) et nous débarquent sur un joli
port encombré de chalands, de mahones (Mahone : chaland de port à formes très
arrondies utilisé en Méditerranée).,
chargés à couler bas.
Curieux costume des porte faix : chapeau cuir forme pêcheur
d'Islande, espèce de blouse, pieds nus, jambières en
cuir allant jusqu'aux genoux, sur le dos espèce de
dossière à bretelle avec bourrelet sur les reins.
Costume de femme musulmane du peuple : pantalon en toile
bariolée forme pantalon homme, par dessus deux jupons,
camisole, comme coiffure un madras. Pieds nus, peau bronzée.
Curieux ânes turcs: très petits, 1m10 environ,
bât allant du garrot jusque sur les reins. nes hindous petits
aussi, bâts aussi hauts qu'eux.
Troupes anglaises, zouaves en kaki, artilleurs génie,
fantassins en bleu azur, soldats grecs en kaki, casquette avec
couronne royale brodée en jaune. Evzone (Evzone : soldat de l'infanterie grecque.) :
pantalons collants avec jarretières en dessous du genou,
chaussures sans talon en pointe terminées par un gros pompon
noir, veston long kaki, chéchia aussi, ronde avec grand gland
retombant sur l'épaule.
Le 371e défile en ville, musique en tête, le 372e
suit. Passons devant caserne grecque. Le poste de police sort et rend
les honneurs. Nombreux réservistes grecs. Quand le drapeau
passe, ils rectifient la position, mais avec mollesse (c'est à
leur habitude). Réquisitions grecques, bourricots
disparaissant sous des balles de foin ou de paille. On
n'aperçoit d'eux que les oreilles, les pieds et la queue. Ils
trottinent toujours. Chars traînés par des bÏufs gris ou
noirs à grandes cornes recourbées. Collier formé
par quatre morceaux de bois assemblés et entourant le cou.
Très grande affluence sur notre passage. Costumes aussi
nombreux que variés. A côté de femmes
vêtues à l'européenne, presque à la
dernière mode, femmes du peuple couvertes d'oripeaux
bariolés. Perles dans les cheveux ou au cou, mouchoirs de
couleur sur la tête, pieds nus ou chaussées de sandales.
Porte faix assis sur le trottoir fumant la cigarette. Des artisans,
forgerons, menuisiers, etc. travaillent dans des échoppes
délabrées à côté de maisons presque
modernes. Les quelques mercantis qui aux abords du port et le long de
la route nous vendent gâteaux, fruits ou boissons parlent tous
un peu français mais ce sont de vrais voleurs.
Allons camper dans une plaine au nord de la ville. Terrain
absolument inculte à part quelques parties labourées
qui étaient des champs de tomates. Quelques rares arbres au
bord du lit d'un cours d'eau à sec. Rien que du gravier. Dans
le camp, très nombreuses tentes : marabouts chez les Anglais,
tentes à 6 chez les Français. Sur les quelques
ondulations qui parsèment la plaine se voient d'anciennes
tranchées, témoins des combats qui se
déroulèrent autour de Salonique pendant la
première guerre balkanique. Nous avons couché sur la
terre cette nuit. Elle est légèrement dure et
caillouteuse ici.
Vu défiler devant notre camp un régiment grec se
rendant à la frontière. Ils marchent en chantant. Leurs
sonneries de clairons sont bien semblables aux nôtres. Leur
habillement est assez bon, point de jambières, chaussures
plutôt mauvaises. L'armement et l'équipement sont un peu
disparates. A côté du moderne fusil grec avec poignard
baïonnette très court, on voit le fusil Gras
français (Fusil Gras :
modèle inventé en 1876, modifié en 1880, dont
l'infanterie française était
équipée.). Leur marche quoique
régulière ne vaut pas le pas français comme
allure dégagée.
15 Nombreuses troupes grecques arrivent par bateaux
à Salonique. L'infanterie, surtout les evzones domine.
Artillerie semblable à la nôtre. Quelques officiers
français y commandent.
18 Les troupes grecques vont à la frontière
en passant devant notre camp. Les régiments ont
défilé ce matin. Aucune voiture régimentaire,
comme chez nous. Tout, cantines d'officiers, matériel de
cuisine, pelles et pioches de pare [?] , brancards, est porté
à dos des petits chevaux genre arabe ayant 1m20 de haut.
La route qui va de notre camp de Zeitenlick à Salonique est
bordée de chaque côté en entrant en ville par
d'anciens cimetières musulmans désaffectés qui
doivent être très vieux. Ils sont bouleversés.
Les pierres tombales sont brisées, usées par le temps.
Les cimetières sont d'ailleurs très nombreux autour de
la ville.
Salonique se compose de plusieurs grandes rues parallèles
à la mer et étagées et reliées entre
elles par de petites rues transversales droites, souvent tortueuses,
en pente, au pavé défoncé où l'eau de
pluie ruisselle. Elles doivent en temps d'orage être de vrais
ruisseaux bourbeux.
Aux abords du quai est le quartier européen avec de
très belles maisons, hôtels, restaurants, banques, etc.
Dans le quartier turc, situé sous la citadelle de la partie
haute, la ville prend animation. Tout le genre masculin est
coiffé du fez et porte pantalon bouffant, veste courte,
ceinture de couleur. Les Turcs cossus sont habillés à
l'européenne. Leurs complets de bonne coupe sont
complètement déparés par cet affreux fez rouge
absolument comparable à un pot de fleur renversé. Peu
de femmes voilées. Presque chaque maison a son moucharabieh ou
balcon surplombant la rue et complètement clos, jalousies en
bois découpé permettant aux habitants de voir sans
être vus.
Quelques boutiques de marchands de légumes et de fruits.
Les savetiers exercent leur métier sur le trottoir. Quelques
passants quittent leurs chaussures pour les faire réparer et
attendent.
Vers le centre de la ville se trouve le bazar composé de
plusieurs rues couvertes d'une toiture. Il y fait sombre. Les
magasins quoique petits y sont bien tenus et beaux et garnis de belle
marchandise, bijouterie, draperie, mercerie, quincaillerie,
cordonnerie, etc., etc. Chaque rue ou partie de rue a sa
spécialité.
Vu les restes d'un très vieil arc de triomphe datant des
anciens Grecs. Une voûte subsiste et traverse une rue. Les
pitons sont couverts de très belles sculptures malheureusement
détériorées ou brisées et
représentant d'anciens guerriers grecs casqués et
cuirassés se rendant au combat à pied, à cheval
ou montés sur des chars. Jolies bordures de feuilles
d'acanthe.
20 Suis allé au cinéma. Films avec annonces
en français, anglais, italien ou grec. L'un d'eux
représente l'entrée des Grecs à Salonique en
1912.
21 à 16h quittons le camp, 1h1/2 de marche pour
embarquer au nord de Salonique. Partons 21h. Voyage de nuit. Rien vu.
Marche lente, longue, stationnements dans les gares. Vers minuit,
franchissons la frontière gréco-serbe.
22 à 5h. Remontons la vallée du Vardar.
Petite plaine entre des chaînes de montagnes peu hautes.
Beaucoup de terres incultes. Quelques vergers (figuiers,
mûriers), un peu de vigne. Montagnes couvertes de broussailles
et buissons. Peu d'arbres. Rochers déchiquetés,
fouillés, couverts de lichen vert. A un endroit la
vallée resserrée entre des rochers à pic n'a pas
plus de 30m de large.
Les GVC serbes (GVC : « Garde
voies et communication ». Pendant la guerre de 1914-1918,
pendant que les jeunes étaient au front, les voies
ferrées étaient gardées par les « vieux
» qu'on appelait les « territoriaux ». Ils portaient
un brassard tricolore avec l'inscription « GVC » sur leur
habit civil. Gaston utilise ce terme français pour
désigner une réalité semblable dans
l'armée serbe.) dans des gourbis en terre couverts en
paille entourés d'une petite tranchée assurent la
protection de la voie ferrée (voie unique). Pays aspect
misérable.
Arrivée le 22 10h à Krivolak, village turc
misérable au bord du Vardar. 6 km à pied et arrivons
à un autre village sur la rive droite du fleuve sur un
plateau. C'est Négotin. Le village devait avant la 1e guerre
de 1912 avoir environ 2000 âmes. Il en a à peine 1000
maintenant. La moitié des maisons ont été
incendiées. Village en grande partie turc et bulgare. Quelques
familles serbes. Champs bien cultivés.
25 Reconnaissance faite par la Compagnie vers le sud, vu
trois petits villages et une jolie petite ville à 2 km du
point d'arrêt. C'est Kavadar. Champs très bien
cultivés, très beaux potagers avec quelques arbres
fruitiers. Les paysans ont pour labourer une charrue très
rudimentaire comparable à nos sarcleuses de France, un seul
petit soc, point de roue, un mancheron. Avec cet instrument digne des
temps préhistoriques, ils grattent à peine le dessus du
sol qui heureusement est très friable et sèment, ils
ignorent l'usage de la herse et malgré cela il y a de belles
moissons. Ce pays, bien cultivé, produirait de l'or.
Novembre
Le 2 la Compagnie va remplacer le 23e en soutien
d'artillerie au bord du Vardar. Sommes à côté de
GVC serbes qui le soir nous guettent pour aller au combat. Nous
chassons le lièvre.
Oke : poids serbe valant 1 kg 280.
Le 6 à 7h quittons notre petit poste que nous
regrettons beaucoup. Arrivons station de Krivolak. Traversons le
Vardar en crue dans des chaloupes que des hommes du génie font
avancer à la rame, puis Pépéliste. Maisons en
pierre et terre. Mosquée transformée en magasin
à vivres pour nos troupes. Le minaret sert de poste
d'observation. Remontons la rive gauche du Vardar. Ascension du mont
Kara-Hodzali. Aspect sauvage, terrain dénudé.
Véritable chaos de monticules séparés par des
ravins profonds et formant autant de bassins de réception de
petits torrents se jetant dans le fleuve. Montée de deux
heures excessivement pénible par des sentiers à peine
tracés et suivant souvent la ligne de la plus grande pente. A
la nuit tombante allons aux tranchées relever le 244e.
Tranchée solide. Quelques petits abris creusés sous le
parapet. Nuit froide. Quelques coups de fusils.
Tous les jours un peu de bombardement et des coups de fusil. Des
patrouilles de notre Compagnie sont allées plusieurs jours de
suite à la nuit tombante ramasser les fusils des cadavres
tués dans le ravin de Scéoba. Il y a paraît-il de
nombreux cadavres, les blessés n'ont pas été
ramassés. Beaucoup sont morts par la suite. Le 244e avait fait
du bon boulot, le 65 montagne aussi.
Nuit du 25 au 26 poste d'écoute pendant 12h.
Très froid. Vers 4h du matin, il neige.
Toute la journée du 26, nuit du 26 au 27, cela
continue. Temps atroce. Les hommes ressemblent à des paquets
de neige. Nous gelons dans nos trous. Jamais nous n'avons
pareillement souffert du froid. Nous ne sentons plus nos pieds.
Nuit du 27 au 28 il neige toujours. Le vent en
tourbillonnant emplit la tranchée, il faut manier la pelle
pour la déblayer. Nuit atroce. Le matin beaucoup d'hommes
à moitié gelés sont évacués par le
major. A la 1/2 section nous restons 12 hommes à peu
près valides.
Allons en réserve (notre section). Passons 3 nuits à
peu près potables. Le jour corvée pour évacuer
les munitions, cartouches, torpilles, puis les crapouillots (Crapouillot : petit mortier (canon) de
tranchée utilisé pendant la guerre de
1914-1918.) . Restons 10.
Décembre
1er à 16h sommes relevés par le 6e Bataillon
qui monte sans sac. Pour descendre, suivons le chemin que les
pionniers ont fait à flanc de montagne au milieu de ravins et
gorges épouvantables à voir. Chemin plein de neige et
de boue. Nombreux zigzags. Descendons la rive gauche du Vardar.
Arrivons à Pépéliste à 19h. Couchons dans
une petite grange - paille - bonne nuit. 10 Français dorment
leur dernier sommeil dans ce village maudit.
Le 3 à 17h quittons Pépéliste par des
chemins pleins de boue et de neige fondue, véritables
fondrières, marche de nuit. Passons à Vojan
(évacué). Arrivons à Dubjeni. Marche de 3h
très pénible. Arrivons exténués.
Dubjeni est évacué. Beaucoup de maisons en ruines,
une seule très récente d'ailleurs a un aspect
européen.
Le 1er décembre le 6e Bataillon est resté le dernier
sur le sommet du Kara-Hodzali. Le 3 les Bulgares occupent les
tranchées que le 371e a abandonnées près de
Vojan.
Le 3 au soir à 18h, tirailleries aux abords de Dubjeni. Les
Bulgares qui ont occupé Vojan s'avancent. Nous couchons dans
maison. Turc très « rupin ». Distribuons viande
cuite enveloppée ......... . (Le bas
de la page est arraché. Tout ce passage depuis « Le 1er
décembre le 6e Bataillon » est écrit d'une
écriture large et peu soignée, sans doute due à
la proximité du danger. Le morceau arraché l'a
été dans les heures ou les jours qui ont suivi, car au
verso, l'écriture s'arrête avant la
déchirure.)
Le 5 à 7h départ. Suivons le Vardar, puis
grimpons dans les montagnes escarpées, rocheuses. Sentiers en
lacets. Rochers verts, bruns, rouge fer. Traversons petit vallon
ayant bon aspect. Joli ruisseau bordé de grands platanes,
carrés de maïs, vigne, vergers, mais les maisons du
village (Grvdec) ont toujours l'aspect misérable. Rejoignons
le Vardar à la sortie nord du défilé de
Demir-Kapou. Longeons la rive gauche du fleuve en descendant. A 18h
arrivons station de Stroumitza. Bivouaquons à proximité
de la gare. Couchons sur la terre humide sans paille. Il fait froid.
Mauvaise nuit après une journée fatigante.
Le 6 à 7h départ, traversons le Vardar au
pont du chemin de fer près de Stroumitza. Longeons la rive
droite du fleuve. Traversons rivière en sautant sur les
pierres et nous appuyant sur nos fusils. De même pour de
nombreux ruisseaux. La région que nous traversons a assez bon
aspect. Les maisons sont mieux entretenues, les champs assez bien
cultivés. Nombreuses plantations de mûriers, champs de
maïs. Grand halte à . . . (Espace vide de la taille d'un mot, sans doute
réservé en prévision d'une information
complémentaire qui n'est pas venue.). La route a
été assez bonne. Mais fatigués encore que nous
étions de la veille, nous étions rendus en arrivant
à 8h à Gievgelü. Traversons plusieurs petites
ruelles au pavé inégal. C'est pour nous une vraie
torture d'y marcher. Suivons la grand'rue où ô
stupéfaction se trouve de distance en distance un bec
électrique à arc. Couchons dans une caserne serbe.
Sommes très serrés. Toute la Compagnie dans la
même chambre.
Ces deux journées ont été très
fatigantes. Nous avons parcouru 60 km avec 35 kg sur le dos.
Le 7 à 8h départ. Remontons vers le
nord-ouest du cours d'une petite rivière affluent du Vardar.
Toujours chemin très mauvais. Arrivons exténués
à 20h au village de Serminima perdu dans la montagne. Ville
pauvre habitée par population serbe. Maisons démolies.
Les toits en tuiles demi-rondes sont surchargés de pierre.
Entre les maisons de grandes treilles sous lesquelles on circule. Les
habitants couchent pêle-mêle avec les chèvres et
les moutons. Nous achetons des poules 1 ou 1,5 (L'abréviation de l'unité de monnaie
est indéchiffrable (un petit trait)) pièce .
Avons couché dans un réduit sur de la paille. Assez
bonne nuit. Autour du village quelques petits postes pour nous garder
sur les crêtes.
Le 9 à 5h départ, retournons à
Gievgelü. Arrivée 12h. Couchons encore à la
caserne serbe.
Le 10 à 7h départ, suivons grand'rue.
Quelques belles maisons mais très rares. Passons la gare.
Traversons le Vardar sur un très beau pont en fer, une
rareté de la région. A 8h arrivons au village de
Bogodoroka où nous restons le jour.
Le 12 à 5h reconnaissance vers Djakovo, puis passons
à Selinli, premier village grec. Avons franchi la
frontière vers 11h. Arrivée 1h au village de
Békirli.
Le 13 à 11h départ. Allons. Notre Bataillon
va former une ligne d'avant postes sur des collines à 7 ou 8
km à l'ouest de la voie ferrée. Couchons sous la tente
deux nuits.
Le 15 à 8h quittons nos avant postes. Il a plu toute
la nuit. Arrivons à la voie ferrée que nous longeons.
Couchons sous la tente près d'un village en ruines.
Le 16 8h départ. Marchons au milieu des terres
détrempées. Il pleut. A 14h arrivons près d'un
village en ruines. Montons nos tentes par une pluie battante. Nous
sommes trempés jusqu'aux os. Passons la nuit couchés
sur la terre humide. C'est une nuit épouvantable.
Le 17 départ à 6h. Chemins toujours mauvais.
Traversons toujours des ruisseaux. Arrivée à 15h
à Alihodzalar. Sommes cantonnés. Nous pouvons un peu
faire sécher nos effets.
18 à 12h, départ. A 15h, arrivons près
d'un village à moitié démoli. Couchons sous la
tente sur un terrain boueux.
Nous nous trouvons maintenant à environ 15 km au nord ouest
de Salonique, près du village de Kjorzine. Toute la
région de la Macédoine grecque que nous avons
traversée depuis Gievgelü jusqu'ici est presque plate.
Les ondulations du terrain sont à pente très
allongée. Tout les villages que nous avons vus sont ou
partiellement ou totalement démolis. A part quelques lopins de
terre labourés on ne voit que ronces et chiendent. C'est la
terre de la désolation.
Nuit du 20 au 21 il pleut à torrents. Nous sommes
presque inondés sous nos tentes.
21 Allons camper sur une colline à environ 20km de
Salonique. De là apercevons la ville et la rade où sont
de nombreux navires.
24 le soir en réunissant quelques provisions
reçues dans des colis, nous faisons un petit réveillon
dans notre tente à six.
25 Allons camper un autre camp plus près de la voie
ferrée Salonique-Doïran. Creusons des tranchées
nombreuses garnies de fil de fer barbelé qui feront de
Salonique un camp retranché garni d'une nombreuse et grosse
artillerie. Nos 3 divisions sont employées à ces
travaux. Les aéroplanes boches viennent presque chaque jour en
reconnaissance et survolent la ville.
30 un taube (Taube : avion
allemand en forme d'oiseau (« taube » = « pigeon
»)) lance une bombe sur un parc à munitions au
nord de la ville. Un avion-canon le poursuit inutilement d'ailleurs
1916
[ Pour l'année 1916 et le
début de 1917, il y a deux versions, une sur feuillets
où les jours se suivent (version « recopiée »
?), et une sur un agenda pré-daté au milieu des listes
de vivres à acheter pour le régiment (version «
à chaud » ?). Ces versions diffèrent parfois. La
version transcrite ici est la version sur feuillets ; on trouvera en
notes les variantes de la version agenda ]
Janvier
7 Plusieurs taubes viennent lancer des bombes sur les camps
français où ils font 7 victimes et sur la gare de
Naris.
Février
1er Un dirigeable allemand (zeppelin) est venu pendant la
nuit lancer 14 bombes sur Salonique causant beaucoup de
dégâts et faisant une quarantaine de victimes. Le
même jour un aviatik a été abattu près du
camp d'aviation de Topsin.
2 Quinze de nos avions vont rendre aux Bulgares (« boches ») la monnaie de
leur pièce.
16 Un avion ennemi («
albatros boche ») tente de survoler nos lignes. Accueilli
par le feu de nos batteries et rebrousse rapidement chemin. Pendant
sa retraite, il est attaqué par un de nos avions qui en
quelques coups de mitraille l'oblige à atterrir dans nos
lignes.
Mars
18 2h Un zeppelin profitant d'une nuit sombre tente de
survoler Salonique. Accueilli à coups de canon, il est
contraint de s'enfuir («
rebrousser chemin ») sans avoir pu atteindre la ville. En
se sauvant (« en s'enfuyant
») il lance quelques bombes qui tombent en pleins champs,
n'ont causé aucun dégât.
23 Vingt-deux de nos avions sont allés bombarder les
positions bulgares vers Doïran et ont abattu un avion ennemi
(« Un avion ennemi est abattu
»). Au retour un de nos appareils est tombé dans
le lac de Doïran.
24 Nouveau bombardement par nos avions sur Gievgelü.
Un taube (« un avion ennemi
») est abattu.
27 5h Réveil en fanfare. Une vingtaine d'avions
ennemis survolant Salonique lancent de nombreuses bombes causant de
grands dégâts et tuant de nombreux civils grecs.
Canonnés furieusement puis poursuivis par nos avions, 4 taubes
sont abattus ; 3 tombent dans nos lignes, le quatrième dans
les lignes ennemies.
30 Occupons un grand baraquement colonial en bois couvert
carton bitumé. Isolateurs forme cage à poulets (en
branches de palmier) ; par dessus, nattes en roseaux, notre peau de
bique et nos couvertures, et nous avons une couche hygiénique
quoique un peu dure (ce à quoi nous sommes habitués
depuis fort longtemps d'ailleurs)
Avril
13 Une escadrille de nos avions est allée bombarder
les campements et batteries allemands vers Bogorodika au sud de
Gievgelü.
16 Une escadrille de nos avions va bombarder les
cantonnements ennemis vers Gievgelü. Pendant ce temps un taube
survole nos lignes et est canonné.
Mai
4 Passe à la 18e Compagnie.
5 A 2h un zeppelin tente de survoler Salonique. Attendu et
accueilli par les canons, il est abattu presque immédiatement.
Il s'engloutit dans la mer près de l'embouchure du Vardar.
L'escadrille de Kukutch a également abattu un taube.
A 5h quittons notre camp où nous avons
séjourné 4 mois 1/2. Passons à Ali-Hodzalar,
Karabunar. Arrivée à Sari-Göll à 12h.
Campons aux abords du village. Journée très fatigante,
chaleur accablante. Beaucoup d'hommes sont restés en route.
Assez nombreuses troupes anglaises : Hindous au teint bronzé
et enturbannés faisant le ravitaillement dans de petits arabas
(Arabas : charrette
traînée par un mulet.) traînés par
de jolies mules grises.
6 A 4h30 départ. Passons à Kukutch
(Lilkotch). Petite ville de 4 à 5000 habitants, population
très mélangée. Toujours petites maisons basses
mais assez propres. Beaucoup de boutiques, la plupart fermées.
Quelques grandes bâtisses neuves (camp d'aviation). Tout un
quartier est détruit, probablement de la dernière
guerre balkanique . La ville est bâtie au pied d'une colline
conique surmontée d'une église (chapelle St Georges)
qui avec les murs qui l'entourent ressemble plutôt à une
citadelle.
Arrivée à Alexsia à 11h. Petit village sur le
Spanck affluent du Galiko.
La région que nous traversons est une succession de petites
collines à pente faible mais de plus en plus
élevées et serrées les unes contre les autres
à mesure que nous approchons de la chaîne du
Khrusia-Balkan (« Belech-Planina
(Belasica-Planina) ») . Le terrain est mieux
cultivé qu'aux environs de Salonique. Il y a d'assez jolies
prairies, quelques arbres et vestiges de forêt, des plantations
de mûriers.
16h Un avion ennemi a survolé notre camp. Accueilli
à coups de mitrailleuses et de canons, il s'enfuit.
7 7h Réveil par une bombe d'aéro ennemi qui
s'enfuit aussitôt. Pas de dégâts.
8 Un taube vient encore survoler notre camp.
Canonné, il s'enfuit.
10 Bulgares se sont rendus ainsi que 3 prisonniers russes.
Ont été emmenés les premiers par les Grecs, les
seconds par nous.
Les Bulgares qui habitent le village de réfugiés des
environs de Stroumitza ont été évacués
vers l'arrière (« La
population du village, qui était toute bulgare, est
évacuée ») . Départ lamentable.
Carrioles de toutes espèces traînées par des
buffles ou des bÏufs et chargées de quelques hardes, nattes,
vivres, ustensiles de cuisine. Les hommes assez grands, maigres,
toujours mal vêtus, la cantine rouge bourrée d'objets
hétéroclites, pain, tabac, couteaux. Les femmes
plutôt petites mais bien prises et d'assez jolie figure
vêtues d'une camisole et d'une jupe bleue doublée de
laine, la tête entourée d'un mouchoir noir, pieds nus.
Elles portent leur bébé dans une espèce de sac
derrière le dos.
10 4h Quittons Alexsia. Passons à Snevce. Arrivée
à 12h dans un ravin. Les Compagnies vont prendre leurs
emplacements d'avant-postes. Notre Compagnie est en réserve.
Nous sommes à quelque distance du village de Popovo
d'où l'on aperçoit le lac du Doiran.
Le terrain devient montagneux mais est néanmoins bien
cultivé et beaucoup plus boisé. Nous sommes sur le
versant septentrional du Khrusia-Balkan (altitude moyenne point
culminant 800m) que nous venons de traverser et séparés
par une plaine d'une dizaine de km de largeur de la chaîne du
Belech-Planina, haute muraille abrupte d'une hauteur moyenne de
1200m, dont la crête forme la frontière
gréco-bulgare. Cette plaine où coule la Strouma (« La Strouma prend naissance dans
cette vallée. ») (et son affluent de droite la
Butkova) est marécageuse, couverte d'arbres
éparpillés mais point de forêts. Les villages y
sont nombreux.
11 Avons passé une assez bonne nuit tapis sous des
buissons, roulés dans nos couvertures. Une patrouille de
uhlans s'est approchée de Popovo. Un cavalier a
été tué, un autre blessé et fait
prisonnier.
[ Il manque ici 5 feuillets ; la
période manquante est complétée uniquement
à l'aide de la version agenda, quand elle existe ]
15h Quittons nos emplacements, retournons en arrière.
arrivée 20h30 au village de Snevce à quelque distance
d'Alexsia.
Les Français ont occupé le fort de la
Dova-Tépé. Pour protéger le mouvement sur la
gauche, nous avons fait cette reconnaissance sur Popovo.
12 Chez les Bulgares les femmes ne sont pas voilées.
Les hommes. Beaucoup d'enfants. Troupeaux de vaches, ânes. Tout
cela en vive couleur sous le chaud soleil d'orient était pour
nous un tableau vraiment merveilleux.
Toute cette population va être évacuée sur
l'arrière.
Les Turcs avec leur tempérament apathique ont l'air de se
faire peu de mauvais sang. Les Bulgares, particulièrement les
femmes, sont plus déprimés, ont l'air inquiets. Hier
soir à l'approche de la nuit chaque famille ou groupe de
famille avait construit un abri en branchages en forme de tonnelle.
Toutes les femmes assises à la turque nous tournaient le dos.
Les hommes rôdaient autour. A voir toutes ces personnes de dos
regardant leur abri, on eut cru revivre une ancienne scène
biblique. On eut dit que tous assistaient à quelque office de
leur religion.
13 Départ. Traversons de nouveau le Khrusia-Balkan.
Terrain de mieux en mieux cultivé. Villages petits mais
nombreux enfouis dans la verdure. Petites futaies de chênes.
Tabac surpris dans les jardins.
Arrivée 9h à Todorovo au débouché d'un
vallon dans la grande vallée entre le Khrusia et le
Belech-Planina où coule la Butkova, affluent de la Strouma.
Campons dans un ancien cimetière turc sous de grands arbres.
Avons joui d'un curieux spectacle. Une bande de
réfugiés grecs, turcs et bulgares campe dans le
village. Hommes déguenillés coiffés du fez
enturbanné. Femmes ayant un pantalon comme les hommes, pieds
nus, un grand voile blanc ou bariolé de toutes les couleurs
serré sur la tête par un turban, à la taille par
une ceinture. Elles se voilent la face à notre approche.
Jolies couvertures de laine rouge, bleue, noire, jaune, verte, brune.
Nombreuses femmes surveillées jalousement par (La suite manque. J'imagine qu'on peut
compléter par « leurs maris ».)
15 La Compagnie va aux avant-postes à 3 ou 4 km de
Todorovo.
[ On n'a malheureusement rien pour
la période de mi-mai à juillet ; en revanche, de
nombreuses photos figurent dans l'album pour juin et juillet 1916,
toutes dans les environs de Todorovo : comme Gaston cite cette
localité juste avant et juste après cette
période manquante, on peut conjecturer que les hommes y ont
campé sans effectuer d'opération militaire
particulière. Cette conjecture est confirmée par la
lecture des journaux de Joannès Dessertine et d'Alexandre
Plaforêt (en lien sur la page d'accueil de Gaston Nitzer)
]
Août
17 Poroï le haut et le bas que le 244e tenait il y a
environ deux mois et qui avaient été abandonnés
ont été repris aujourd'hui. Le 244e s'est emparé
de Poroï-le-haut et du monastère qui le domine. Le 5e
Bataillon de notre régiment a pris Poroï-le-haut.
20 5h La Compagnie quitte les avant-postes et retourne
à Todorovo.
20h Départ pour Matnica. Passons par la route d'Anadolibi,
la vallée d'Akbuzalik. Sugovo. Arrivée le lendemain
matin à 4h à Matnica.
La route a été dure, mauvais chemins caillouteux.
Souvent on trébuche contre les pierres. Heureusement la nuit
était assez claire.
21 5h Commençons l'escalade d'un piton dominant le
village. Aucun sentier. Montons à pic dans les rochers et les
broussailles. Les pauses doivent être longues et très
fréquentes bien que nous soyions sans sac. Les hommes portent
des piquets et des rouleaux de fil de fer. Le sommet du piton est
occupé vers 15h par une de nos sections et une section de
mitrailleuse. Toute la nuit travaillons à creuser des
tranchées au sommet. Parapet en pierre et en sac à
terre.
22 10h Les Bulgares bombardent Matnica avec des fusants
(Fusant : dispositif qui fait
éclater le projectile en l'air, avant le choc.) . Puis
c'est le tour de Poroï-le-bas.
A 23h sommes relevés par une Compagnie du 242e. Retournons
directement de Matnica à Todorovo.
Arrivée le 23 à 15h.
26 Partons de nouveau pour Matnica. Arrivée à
24h. Même chemin suivi que précédemment.
Dans un village avons mangé une grande quantité de
fruits: raisins, figues, prunes, pêches.
30 4h Sommes relevés sur nos positions par la 12e
Compagnie du 62e régiment d'infanterie italienne.
20h Départ de Matnica. Arrivée Todorovo 23h.
31 5h Départ de Todorovo. Allons camper sur une
petite colline dominant le moulin de Dzar en remontant la
vallée de Todorovo. Arrivée 8h.
Septembre
1er 4h Départ. Remontons la vallée de
Todorovo. Retraversons le Khrusia-Balkan. Passons à
Baïsili, Karamudli, Snevce. Campons dans un bois à
proximité de Kebedzeli. Arrivée 11h.
2 6h allons camper dans un vallon à quelque distance
du village de Rajanovo (vallée du Galiko).
6 Rassemblement du bataillon à Rajanovo.
Départ 15h. Arrivée 17h à
Séréceli.
7 5h Départ. Arrivée Gramatina (vallée
du Spanck, affluent du Galiko). Le village de Gvaené [?] est
presque complètement en ruines.
8 Départ de Gramatina à 8h. Arrivée
à Kukutok 11h. Au moment du départ un orage d'une
violence inouïe se déchaîne. C'est la douche et le
bain de pieds.
10 Départ 8h. Allons embarquer à
Sari-Göll. Partons 11h30. Salonanli [?], Narès,
Salonique. Arrivée 14h. 14h30 vers Monastir : passons
Tékélé, Kiradjalov, Platy, Guida, Verria.
Arrivée à Niaoussa (Niaoutsa) le 11 à 1h.
Toute la région traversée depuis Salonique est
très plate, parfois marécageuse (beaucoup d'oiseaux
aquatiques) et d'une façon générale mal
cultivée. Les villages sont assez nombreux. Seuls les abords
immédiats des villages sont cultivés. Couchons dans un
hangar à bois.
11 18h Redépart en chemin de fer. Arrivée
à Verria à 20h. Grande animation en gare. Camp russe.
Superbes gaillards bien vêtus, belle allure. Cantonnons
à Verria distante de la gare de 3km.
Verria : 15000 habitants, assez joli, petites ruelles, vieilles
maisons, quelques bâtiments modernes, marché dans la rue
principale. Beaucoup de fruits et légumes du pays. Nombreuses
boutiques de marchands et artisans.
Couchons dans une école.
12 10h Départ. Marchons vers le sud-sud-ouest. Rude
côte à grimper. Heureusement bonne route. Arrivée
23h (12 km). Campons près d'un village détruit.
13 14h Je pars avec le campement, 28 km, rude côte de
15 km puis descente de 13. Point culminant atteint : 1580 m. Route
assez bonne mais bordée de nombreux précipices,
contours très brusques.
Arrivée 20h près du village de Kardzalav dans un
petit vallon pierreux entre de hautes collines les unes
complètement dénudées, les autres couvertes de
broussailles.
14 4h Départ, 22 km, route sans pente assez bonne.
Arrivée Kardzalav 8h. Vallée plus large que
précédemment, champs bien cultivés, villages
nombreux et enfouis dans la verdure. Les habitants fument leurs
champs, ce que je n'ai jamais vu en Macédoine.
16 5h Départ. Suivons une piste assez bonne, puis
une route de Cazam à Florina (je crois). Arrivée 11h
à Kajalar. Petite ville assez importante. Nombreuses maisons
détruites. 22 km.
17 6h Départ. Marchons toujours vers le nord.
9h Vu le lac [?] d'Ostrovo où des combats se sont
déroulés récemment entre Serbes et Bulgares.
Arrivée 16h30 à Ajtos au pied des monts Malarekas. 25
km.
18 8h Réveil en sursaut par la
générale. Une demi-heure après départ
précipité. Par des sentiers de chèvres grimpons.
A mi côte trouvons une assez bonne route à pente faible
par laquelle nous nous acheminons vers le sommet.
Traces de combat : chargeurs bulgares vides, pansements sanglants.
Redescendons la montagne. Passons à Negovani, joli petit
village, population non grecque. On approche du canon. Nous
exécutons un mouvement tournant vers l'ouest de Florina.
Passons à Kukuvani. Arrivée 16h au village de Mohala
évacué et que les Bulgares ont abandonné
précipitamment la veille. Canonnade et fusillade assez
violente face à Florina. (25 km).
Toute la nuit fusillade violente par intervalles.
19 16h Allons au sud-est de Florina en réserve de la
156e D2. Couchons à la belle étoile. Le lendemain
creusons des abris dans un champ de maïs.
20 20h Marchons toujours vers l'est. Arrivée
à 22h au village de Posonica.
22 20h La Compagnie va aux avant-postes à quelques
centaines de mètres du village de Sozanica au sud de Florina.
23 Relève des avant-postes à 24h.
24 Départ. Allons à 4 km à l'ouest de
Florina. Traversons la ville au lever du jour. Quelques jolies
maisons, rues mal pavées, vu peu de chose.
Nous sommes sur la route de Florina à Monastir,
accrochés au flanc de crêtes situées au nord de
la route et parallèles à elles. Les Bulgares tiennent
les crêtes.
Octobre
3 Dans la nuit du 2 au 3 les Bulgares ont abandonné
les crêtes dominant au nord la route de Florina à
Monastir. Mouvement en avant.
20h Départ. Repassons à Florina, puis marchons au
nord. Arrivée le lendemain 1h à Kladérop. Joli
petit village mi grec mi serbe. Maisons proprettes blanches, tuiles
rouges. Couchons à l'école.
4 12h allons à Bitusa. Arrivée 20h. Marchons
vers le nord.
5 6h Départ. Cela pète [?] dans la plaine
où nous allons. Arrivée 10h à Obstrina.
6 20h Les Compagnies sont parties à Dragos en
territoire serbe. Un peloton de la nôtre est resté
à Obstrina.
[ Fin de la période
complétée uniquement à l'aide de la version
agenda ]
9 Rejoint le peloton de Dragos (Serbie)
11 20 h Quittons Dragos, nous dirigeant vers l'est.
Traversons la grande plaine au sud de Monastir. Elle est plate et
nue. Puis obliquons au sud-est. Arrivée le lendemain 2h
à Vrbeni (Grèce) à l'est de Florina. (20 km).
13 21 h Les compagnies vont aux avant-postes à
environ 6 km au nord de Kénalik-le-bas (« Kenalik-le-petit ») . Je vais
ravitailler la nuit avec la cuisine roulante.
14 Dès le jour, violent bombardement. C'est un
roulement continu comme une fusillade. Nous arrosons les lignes
ennemies. Une brigade coloniale est lancée à l'attaque
(« L'attaque a été
donnée ») . Echec : les réseaux
n'étant pas détruits (+
« Nombreuses pertes, surtout chez les coloniaux et les
Sénégalais »). La préparation
d'artillerie a été notoirement insuffisante. Notre
bataillon qui était en réserve a eu quelques
tués et blessés (+
« (2600 hommes hors de combat) »).
20 Le régiment (« Le bataillon ») est relevé
des avant-postes et va au repos en arrière à Vakufkoj
à 1 km à l'ouest de Vrbeni. Il pleuvait à
torrent. Terrains détrempés, ruisseaux enflés
par l'orage. Nous en traversons un avec de l'eau jusqu'aux genoux.
24 7 h Allons à Florina. Arrivée à
11h. Logeons dans la partie est de la ville. Petite ville toute en
longueur de l'est à l'ouest dans une vallée peu large
et encaissée entre de hauts sommets. Maisons plutôt
vieilles. Echoppes d'artisans et de marchands dans la rue principale.
Rues au pavé inégal, bosselé. Seul le quartier
des consulats sur le bord de la rivière a quelques
bâtiments modernes. Population mélangée. Nombre
d'habitants qui avaient fui ne sont pas encore revenus.
29 5 h Quittons Florina. Marchons au nord. Repassons
à Kladérop, Klestina-le-haut, puis marchant (+ « franchement »)
à l'ouest arrivons à Buf à 13h. Village
encaissé dans les montagnes. La vallée qui y conduit a
quelque ressemblance avec celle de Serminina (Décembre 1915)
mais moins sauvage, mieux cultivée. Le village assez grand a
bon aspect. L'hôtel de ville est un bâtiment vaste,
moderne (« La maison commune
où est l'école est un bâtiment très
moderne »), et détonne à côté
de vieilles masures. Population grecque.
30 6 h Notre compagnie quitte Buf et grimpe dans les
montagnes en arrière du 6e bataillon qui est aux avant-postes.
Arrivée 10h au col de Buf (+
« Pluie battante pendant tout le trajet »). Sommes
complètement mouillés, exténués, et
encore des mulets ont-ils porté nos sacs. 1500m d'altitude,
vent glacial (« Nous sommes
à 1500 m d'altitude ; un vent glacial souffle presque
constamment »), le brouillard est dense, il pleut et
neige. Nous avons reçu («
touché ») les peaux de bique : elles sont les
bienvenues.
Novembre
3 3 h Nous quittons le col de Buf pour nous rendre aux
avant-postes relever le 6e bataillon : trois heures de marche
toujours en montée sont nécessaires. Nous occupons une
série de pitons à la frontière
gréco-serbe («
gréco-bulgare »). Le nôtre a 2100 m
d'altitude. L'ennemi occupe en face une autre série de pitons
plus élevés et entourés de tranchées
continues et de réseaux. Tous ces sommets sont
dénudés. Le bois de travail et de chauffage est
amené du col de Bref à dos de mulet.
4 Le panorama est superbe. A l'ouest le lac de Presba aux
eaux d'un bleu noir apparaît encaissé entre de hautes
montagnes (« couronnées
de neige »). Dans le lointain les pics
désolés et neigeux de l'Albanie. A l'est et au sud la
grande plaine qui s'étend de Florina à Monastir est une
immense mer de brouillards d'où de distance en distance,
semblables à des îlots, émergent quelques
collines.
7 6 h Sommes relevés aux avant-postes par le 6e
bataillon. Arrivée à Buf 9 h.
11 23 h Remontons aux avant-postes (même point)
14 6 h Sommes relevés sur nos positions par le 64e
régiment d'infanterie italienne (même division que le
62e qui nous avait relevés à Matnica). Redescendons
à Buf.
15 5 h Quittons Buf. Redescendons dans la plaine, repassons
à Klestina-le-haut, Kladérop, Vakufkoj, Vrbeni puis
revenons à Vakufkoj («
où nous couchons »). Le bataillon est resté
à Kladérop. (25 km).
16 8 h Départ avec le CHR et le 7e bataillon.
Repassons près Kenalik-le-bas . A la frontière
rejoignons le bataillon. Arrivée à 12h à
proximité de Negocani où nous bivouaquons (« campons ») . Pluie et
neige, routes boueuses, mauvaise marche. (10 km)
17 6 h Départ. Passons à Négocani,
Petka. Arrivée à Dragos 9 h. Couchons dans
l'église.
19 8 h Départ. Longeons le pied des montagnes dans
la plaine. Un immense arc en ciel apparaît et durera toute la
journée (Cette phrase
n'apparaît que dans la version feuillets).
9 h Franchissons les premiers réseaux et premières
tranchées de la défense de Monastir.
12 h Franchissons les deuxièmes lignes.
15h30 Entrée en ville par le quartier grec et serbe.
Nombreuse affluence. Les habitants ont l'air heureux de notre
arrivée. Dans le quartier turc, moins bon accueil. Les
principales rues avaient déjà des noms boches. Gare en
partie démolie ; casernes serbes incendiées.
17 h Couchons au nord-ouest de la ville à environ 1 km
(« au flanc d'une colline
»).
La ville a été évacuée le 18 à
24h ; le 19 à 6h il y avait encore des patrouilles bulgares.
La cavalerie française y est entrée la première
suivie d'infanterie russe (« La
cavalerie russe y est entrée la première
»). Nous avons fait notre entrée musique en
tête (Cette phrase
n'apparaît que dans la version feuillets).
Grande ville dans la plaine au pied des montagnes. Une vingtaine
de mosquées dominant la ville de leurs minarets ; les deux
plus grandes au centre ont des dômes. Dans le quartier grec et
serbe quelques bâtiments modernes assez jolis. Population
très mélangée : Serbes, Grecs, Bulgares, Turcs,
Roumains, Albanais, Tziganes, Juifs (Cette phrase n'apparaît que dans la version
feuillets). Comme toujours rues tortueuses et mal
pavées. Les environs de la ville sont assez bien
cultivés.
20 7 h Départ. Gravissons des montagnes.
Franchissons un col et arrivons au petit village de Rastany à
environ 4 km au nord de Monastir. Dans ce village, les Bulgares ont
abandonné un petit dépôt de vivres (« oignons, sel, farine, savon, foin,
avoine en assez grande quantité »). Attaquons une
crête au nord de ce village. Quelques obus au sommet pour
disperser l'ennemi et nous l'occupons et nous organisons.
24 6 h Sommes relevés aux avant-postes par le 371e .
Redescendons à Rastany.
27 9 h. Gravissons des collines au nord-ouest du village,
après de nombreux détours dans des ravins arrivons en
arrière des tranchées du 6e Bataillon ; 800 m en avant
un piton solidement fortifié (cote 1248) (sur la cote 1248, voir le message en morse dans les
annexes : Annexes du
Journal) où
sont les Bulgares.
A 15 heures après préparation d'artillerie partons
à l'assaut. Arrivons jusqu'à l'ouvrage ennemi. Sommes
obligés de refluer dans nos tranchées à 16h.
A la Compagnie, 26 hommes hors de combat sur 80.
28 5 h Redescendons à Rastany (7h).
Décembre
8 23 heures Le 5e Bataillon va relever le 7e aux
avant-postes (Piton Martin)
9 Les bureaux des compagnies vont à Monastir.
13 Une de nos saucisses (Saucisse : ballon aérostatique) est
descendue par un avion boche. L'observateur descend en parachute.
24 Le bataillon est relevé des avant-postes et
redescend à Monastir. Arrivée le 25 à 2 heures.
30 22h Le bataillon remonte aux avant-postes.
1917
Janvier
3 21 heures Le bataillon est relevé des avant-postes
au centre Martin et descend à Monastir.
7 La Compagnie va dans le grand ravin de Rastany travailler
à des abris.
9 19 h Aux avant-postes Centre Martin.
14 23 h Relève. Au repos à Monastir.
20 21 h Montons au centre Rivière. Il neige, un vent
glacé (« cinglant
») souffle en rafales. A certains endroits la piste
disparaît sous la neige. Les habits (« imprégnés de neige
») sont gelés, marche pénible. 3 heures au
lieu de 2 ont été nécessaires pour monter.
30 Relève. Au repos à Monastir.
Février
5 Remontons Centre Rivière.
13 Relève. Monastir.
19 Montons en deuxième ligne Centre Schmidt.
Mars
3 1 h Sommes relevés. Descendons à Monastir.
Passons à Bukovo, Kristofov. Arrivée 7 h, marche
pénible, chemins boueux ou neigeux (+ « Les capotes imprégnées de
neige sont gelées »).
6 Quittons Kristofov. La Compagnie remonte au Centre
Rivière.
7 Suis évacué. Couche au GBD (GBD : « Groupe de brancardiers divisionnaires
») à Monastir.
8 7 h Quittons Monastir emmenés dans des autos d'une
ambulance américaine. Arrivée 8 h ambulance de
Sakulevo.
12 h Départ train de ravitaillement (wagons à
bestiaux).
17 h Arrivée à Ekchisu dans une ambulance. Sommes
servis par de jeunes Annamites. Le camp de l'ambulance est bien
installé et aménagé, éclairé
à l'électricité.
9 5h30 Embarquement wagons à bestiaux avec paille.
Passons Sarovitch, longeons le lac d'Ostrovo. Ostrovo-gare. D'Ostrovo
à Vertékop le terrain est accidenté ; la voie
ferrée décrit de nombreuses courbes, s'engouffre sous
des tunnels ou franchit des ravins sur de frêles ponts
métalliques. A Vodena de charmantes infirmières
grecques nous distribuent thé, pain frais, cigarettes.
Vertékop : arrêt des 3 heures près d'un
hôpital anglais très bien installé (« très chic »). Un
repas nous est servi (Cette phrase
n'apparaît que dans la version feuillets). Vu 6
Autrichiens blessés et faits prisonniers par les Italiens.
Leur aspect est misérable, l'un d'eux est un véritable
avorton.
Arrivée à Salonique 19h. Suis dirigé sur
l'hôpital temporaire n°11. Jolie installation : tentes
elliptiques, baraques Adriant avec jardinets et plates bandes
alentour, éclairage électrique, bains, douches, bon
couchage, bonne nourriture.
21 13 heures Quittons l'hôpital dans des autos qui
nous emmènent au port. Montons sur un bordeur qui nous conduit
à bord du bâteau hôpital Dugay-Trouin (ancienne
école des mousses («
école navale »)). sous-officiers logés
à part dans de petites cabines à 8 ou 10. Lits
superposés à balançoires.
22 10 heures Le Dugay-Trouin quitte le port. Adieu
Salonique.
25 6 heures . Entrons dans le détroit de Messine. Vu
l'Etna au sommet couronné de neige. Messine et ses ruines. Les
îles Lipari et parmi elles Stromboli et son volcan qui lance
fumée et vapeur.
----------------------------------------------------------------------------------------
27 10h Arrivée à Toulon dans l'arsenal
maritime. A 13h quittons le Dugay-Trouin. Un train nous attend au
quai. 15h : départ vers la Côte d'Azur.
28 Arrivée à Nice. De la gare, des tramways
nous conduisent aux différents hôpitaux. Je vais
à l'Hôtel Belgravia (hôpital complémentaire
n°50)
24 avril
Pars en convalescence et permission (41 jours). Arrivée
à St Hippolyte 25 avril 1917.
[??] [juin?]
[Rejoint ?] [??????]
Arrivé le 8 à la 26e Compagnie. (Tout ce passage est tout en haut d'une
page. Pour la 1e ligne, le papier est déchiré et pour
la 2e l'encre est décolorée par de l'eau...)
28 août
Pars en permission de détente 11 jours délai
compris.
14 octobre
Pars en permission transition jusqu'au 14 novembre
Décembre
3 Pars à la Compagnie d'entraînement.
Départ Montluçon 7h11, arrivée St Bonnet de
Rochefort 9h, puis Ebreuil 10h.
5 20h Quittons Ebreuil. Allons embarquer à Sannat .
Passons Clermont-Ferrand, puis Vertauzon. De là un tram nous
conduit à Billom.
16 Vais à Issoire faire un stage de grenadiers (Cf. annexe). Arrivée le 17
à 8h.
23 Retourne à Billom.
1918
Janvier
9 Quitte Billom pour Sannat à 18h, se faire
habiller. Destination 21e Compagnie.
10 Départ de Sannat à 7h. Moulins, Nevers,
Cosne, Clamecy, Auxerre, Larsche, Chatillon-s-Seine. St Dizier (11
janvier à 19h), gare regulatrice . Couchons (camp de la
tambourine)
12 Départ de St Dizier à 20h par train de
ravitaillement. Arrivée Lemmes (Meuse), puis Vadelaincourt
à 9h13.
17 Quittons Vadelaincourt à 8h, embarquons à
Lemmes 10h. Débarquons à Vaubecourt [?]. Puis 15 km
à pied et nous arrivons à 18h à Seigneulles.
23 Suis affecté au régiment 17e Compagnie
laquelle est à Marat-la-Grande.
26 Notre bataillon part en camion à destination de
Jouy-en-Argonne. Arrivons à 13h. Pas de civils.
Exécution des travaux.
20 8h Départ à pied. Passons à
Brocourt-Auzéville. Arrivée Clermont-en-Argonne 13h.
Localité aux 3/4 démolie. Couchons dans des
baraquements.
21 8h Départ à pied. Passons aux Grandes et
aux Petites Islettes, le Neufour, le Claon. Arrivée 13h
à Florent (Marne)
A 16h je pars reconnaître les emplacements de caserne. Les
Compagnies y arrivent le lendemain. Ce sont de vastes sapes où
peuvent loger jusqu'à 300 hommes. Nous sommes à 21km
des tranchées.
28 Le Bataillon monte en ligne au nord de
Vienne-le-château. La Compagnie est en réserve à
1km des tranchées.
Mars
7 En première ligne. Petits postes encagés.
Assez bonne installation. Terrain très bouleversé mais
anciennement. Peu de marmitage. Quelques torpilles.
14 Revenons au repos au camp du Rond-Champ.
21 Montons en ligne, secteur Rondinage à droite du
précédent. Section en réserve jusqu'au 27.
28 En 1e ligne, ravin de la Houyotte.
Avril
Nuit du 1er au 2 Torpilles à gaz, alerte.
Nuit du 3 au 4 Plusieurs violentes rafales d'obus nous
arrivent.
4 19h Sommes relevés. Allons au camp des
Hauts-Bâtis au sud de Vienne-la-Ville.
8 Revenons au Rond-Champ.
11 Le Bataillon monte en ligne. PC (PC : « poste de commandement »)
Cavierir [?]. Compagnie en réserve au chemin rouge puis ravin
des pommiers.
28 En réserve au Rond-Champ
Mai
5 Secteur la Tour d'Auvergne en 2e ligne 1 semaine.
12 1e ligne.
19 Retour au Rond-Champ.
26 La Compagnie remonte en ligne.
Les 26, 27, 28 cours de gaz CID (CID : « centre d'instruction divisionnaire
») Camp du Souniat.
Nuit du 30 au 31 vers minuit: tentative de coup de main par
l'ennemi. Bombardement assez intense par torpilles et torpillettes.
L'ennemi n'a pu aborder nos postes.
Juin
9 Relevés. Allons au Ravin de la Coinche.
12 A Florent, reçu c.d.g. avec cit. (« c.d.g. avec cit.
» = « croix de guerre avec citation »).
Médaille créée le 8.4.1915. La croix de guerre
est conférée aux militaires qui ont obtenu, pour faits
de guerre, une citation à l'ordre d'une armée, d'un
corps d'armée, d'une division, d'un régiment, etc.
Plusieurs citations obtenues pour des faits différents se
distinguent par autant d'étoiles ou de palmes. à 20e
Bataillon) par général Hirschaaer.
16 A Coinche Nord, bombardement pendant la soupe du soir.
18 16h Sommes relevés par 57e Régiment.
Partons dans un camp à 2km au sud de Florent.
Juillet
1er A 5h quittons le camp Florent 2 à pied, passons
à Ste Menehould, Elises, Dampierre-le-Château,
Dommartin-s-Yere. Arrivée 12h. Nous sommes dans le pays de la
craie.
2 22h Quittons Dammartin-s-Yerre et par le même
chemin revenons à Moiremont. Arrivée le 4 à 4h.
23km.
4 Quittons Moiremont à 21h. Arrivée en ligne
Centre Carrière à 1h le 5. 24h à l'ouvrage
Duchaussoy et revenons en réserve à la
Sapinière.
9 Remontons à Duchaussoy.
10 A 15h quitte les lignes pour partir en perm. 22km
à pied. Arrivons gare de Villers-Dancourt.
11 2h45 Départ. Faveresses.
27 Permission terminée. Départ de Ste
Hippolyte à 5h. Dijon, Sens où je couche, puis le
lendemain Troyes (Aube), Coulommiers (Seine et Marne), Noisy-le-Sec,
puis Vaires, Torcy, où j'arrive à 1h le 29 et où
je couche.
Le 29 Départ de Vaires à 15h par
Noisy-le-Sec. Arrivée à Ferté-Millon 22h, je
couche.
Le 30 partons en auto d'occasion. Passons Neuilly, St
Front, Grisolles. Nombreuses traces de combat. Rocourt,
Coincy-l'Abbaye 17h. Dans un petit bois au nord je retrouve les
sergents-majors. J'apprends qu'à la Compagnie il reste 1
sergent et 25 hommes. En mon absence la division a attaqué et
progressé mais avec des pertes sérieuses.
Août
3 Rejoint la compagnie au village de Bruyère
passablement ravagé. Une vingtaine de civils étaient
restés. L'ennemi a abandonné sur le terrain beaucoup de
matériel, il a reçu une bonne ptte [ ?]. Fais [?]
fonction É [?] Bataillon.
4 Le régiment quitte Bruyère et va cantonner
à Brécy.
8 Direction du sud. Traversons plusieurs petits villages
démolis, puis Château-Thierry fort abîmé,
le pont écroulé sera remplacé par un pont de
fer, pont provisoire de bateaux. Sommes logés au camp
d'Etampes à 1km au sud de Château-Thierry. Fais le
campement à bicyclette.
9 5h Quittons le camp d'Etampes et nous rendons à Le
Monial, petit hameau près Montfaucon, 15km au sud de
Château-Thierry.
10 Départ 5h. Arrivée 10h hameau de
Chalendon, commune de Montolivet, à 15km à l'ouest de
Montmirail (Seine et Marne).
15 Régiment Lossord.
17 A 0h quittons Chalendon. Passons Montolivet, St
Barthélémy, La Ferté Laucher, Jouy-s-Morin.
Arrivée à 5h. Embarquement à 12h. Départ
à 14h. Coulommiers, Noisy-le-Sec, Pantin à 19h, Creil,
puis direction Beauvais jusqu'à Many, puis à pied
à Angy. Arrivés le 18 août à 3h au
CID (CID : « centre
d'instruction divisionnaire ») du 1er.
19 3h Quittons Angy pour St Aubin. Arrivée à
10h.
20 Revenons au CID.
21 à 23h Départ pour rejoindre le
régiment. 16 km très pénibles et nous arrivons
à Rozoy au bureau du colonel. Suis affecté au 1er
Bataillon. 6 km à pied et arrivée à Sacy-le-haut
à 12h. Vais à 2e Compagnie.
27 Quittons Sacy à 11h. Arrivée à Pont
St Maxence à 13h30 pour embarquer. Départ 18h. Passons
Creil, Martin, Noisy-le-Sec. Troyes le 28 à 5h. Bar-sur-Aube,
Bolonne, Neufchâteau, Mirecourt, Epinal, Arches, Remiremont, Le
Thillot à 23h. Là, des camions nous prennent et nous
emmènent par Bussang et le tunnel à Moosch dans la
vallée de la Thur.
30 18h Montons aux tranchées dans un ravin sur le
flanc gauche de l'Hartmannswillerkopf. Relevons le 19e
Régiment, arrivée 24h.
Pendant notre séjour en ligne, un c. de m. (c. de m. : « coup de main ») a
été exécuté sur la 3e au sommet de
l'Hartmannswillerkopf. La suite de notre relève :
bombardement. J'ai failli y passer. Egratignure à l'oreille.
Septembre
21 Sommes relevés. Allons au repos à
Wesserline dans une usine convertie en caserne. Installation
médiocre.
Octobre
2 Remontons en ligne sur le versant nord de
l'Hartmannswillerkopf, face à Uffolhz.
17 Sommes relevés par les nègres
américains (369e RI). Arrivés à Thann 24h.
18 Prenons les camions à 13h à Bitschwiller.
Par la route Joffre, passons Rammorsmatt, Masevaux. Arrivée
Nederbruck à 17h.
20 6h30 Départ à pied. Passons Masevaux,
Rougement-le-Château. Arrivée Giromagny à 13h. 23
km.